Référencer son école

Attachée de presse : ce métier de l’ombre au service de l’actualité

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Le rôle de l'attaché de presse.

On connaît tous le métier de journaliste, mais un peu moins celui d’attachée de presse. C’est pourtant grâce à ce travail de l’ombre que de nombreux articles, reportages télé et émissions de radio paraissent tous les jours. Quel est le rôle de l’attachée de presse ? 


Responsable du pôle relations presse d’une agence de communication lyonnaise, Margot Bertrand raconte son parcours et sa découverte de ce métier qu’elle décrit comme passionnant et profondément humain. Témoignage.

Margot Bertrand : J’ai d’abord suivi un parcours scientifique : j’ai fait un bac S, option sciences, parce que je voulais aller en médecine. J’ai finalement changé d’avis pour diverses raisons. Un ami m’a alors parlé des concours d’écoles de communication qu’il avait passées. À l’époque, à 17 ans, je ne savais pas ce que c’était. Je me suis donc informée et j’ai adoré. J’ai alors passé les concours de Sup de pub, de Sup de com et de l’ISCPA. J’ai été prise au trois et j’ai intégré l’ISCPA, l’École de journalisme et d’information à Lyon. J’y ai fait un bachelor en communication et journalisme, donc trois ans.

C’est en deuxième année à l’ISCPA que j’ai découvert les relations presse. Je suis restée littéralement bouche bée devant la prof pendant quatre heures et je suis ressortie du cours convaincue que c’était ce que je voulais faire. J’ai ensuite poursuivi mes études avec un master Relations Publiques, Relations Presse et Événementiel à Sup de Pub.

Margot Bertrand : Notre rôle, c’est de faire en sorte qu’une actualité soit suffisamment bien amenée pour que le journaliste soit convaincu et décide d’en faire un sujet. Je ne connaissais pas du tout ce métier, qui est une profession de l’ombre, encore peu connue. En France, 80 % de l’information est issue des agences de presse et des attachées de presse, mais les lecteurs ne le savent pas en feuilletant un magazine. Ils pensent que ce sont les journalistes qui vont eux-mêmes chercher leurs sujets, alors que c’est notre rôle de les leur apporter. Je trouvais celà très intéressant de pouvoir donner une crédibilité à l’information et de la faire parvenir aux journalistes, dans l’ombre.

Margot Bertrand : J’ai commencé par des stages et des alternances dans différentes agences d’événementiel et de relations presse entre Orléans, Paris et Lyon. J’ai ensuite intégré une petite agence lyonnaise qui s’appelait Chronique où je suis restée trois ans, en alternance, puis en CDD et enfin en CDI. C’était mon premier poste en tant qu’attachée de presse. J’étais la première salariée de la boîte, ce qui était intéressant car il y avait tout à construire. C’était il y a 5 ans et le début de l’influence professionnelle (blogueurs, influenceurs). J’ai donc commencé à apprendre l’influence sur le tas.

J’ai ensuite fait un peu de freelancing avant de rejoindre l’agence White Mirror où je suis devenue responsable du pôle Relations presse et Relations Influence. Je suis passé assez rapidement, au bout d’un an, directrice du pôle sur les sujets B2C. Je gère donc tous les sujets lifestyle, food, produits grand public. Ma collègue, Anne, s’occupe quant à elle des sujets corporates, économiques et institutionnels. J’ai d’ailleurs depuis septembre évolué sur un poste beaucoup plus stratégique en devenant PR & influence strategist. C’est une création de poste au sein de l’agence que j’ai eu l’opportunité de prendre en main pour vraiment m’épanouir dans le conseil et la stratégie.

Margot Bertrand : Quand un client nous sollicite, nous prenons connaissance de son sujet et nous entamons une phase de réflexion pour imaginer une stratégie, soit à long terme, soit à court terme (parce que parfois, on n’a qu’une seule information à diffuser). À ce moment, l’idée est de déterminer comment transmettre le message sous la meilleure forme, aux bons médias pour qu’il soit ensuite lu par la bonne cible. Pour cela, il y a beaucoup de veilles à faire, et de recherche. On s’appuie également sur des listings presse qu’il  faut ultra personnaliser pour aller toucher le bon contact.

Dans un second temps, il y a la rédaction de communiqués, la mise en place d’événements comme des conférences de presse ou des petits déjeuners presse. En fonction de l’actualité, nous choisissons le bon canal de diffusion. Par exemple, nous accompagnons une entreprise sur la mise en avant de son centième anniversaire, mais elle n’a pas d’autre actualité à communiquer. Dans ce cas, nous n’allons pas rédiger un communiqué de presse, mais plutôt proposer d’organiser un petit déjeuner avec quelques médias très spécialisés pour faire des sujets type : “portrait d’entreprise”, “histoire d’une success story”, etc. Ensuite, il y a beaucoup de travail de relance, mais plus le fichier presse est bien qualifié, moins il y a de relances à faire. Tout simplement parce que si nous proposons le bon sujet à la bonne personne, il est pris directement.

Margot Bertrand : Ce que j’aime c’est le relationnel, l’humain. Ce qui me passionne, c’est le fait de mettre en avant des entreprises, mais surtout des humains, des solutions, des innovations, des produits, des événements, et de me dire que grâce à moi, ces gens-là ont de la visibilité qu’ils n’auraient pas eue s’ils n’avaient pas fait appel à moi. Ce que j’aime aussi c’est de réussir à présenter convenablement mon sujet pour convaincre le journaliste et ensuite voir le résultat. Quand tu décroches une Une dans un magazine, un article complet ou un passage sur TF1, c’est génial. En fait, ce que j’adore, c’est de me dire : « Personne ne sait que c’est grâce à moi cet article, mais c’est grâce à moi. » C’est très bizarre, mais j’aime beaucoup le côté “travail de l’ombre” de ce métier.

Margot Bertrand : C’est la rédaction : rédiger les communiqués et les dossiers de presse. C’est quelque chose que j’adorais quand j’étais plus jeune, mais aujourd’hui, je préfère être dans l’action. Je pense que c’est quelque chose qui va un peu de pair avec l’évolution du métier, mais surtout de ma position dans l’agence, parce que j’aime beaucoup aussi le commercial.

Margot Bertrand : Je pense que la presse écrite va changer, mais existera toujours. Nos métiers évoluent, ils se digitalisent déjà, mais ils ne disparaîtront jamais. Il faut forcément des gens qui apportent de l’information et surtout de la crédibilité à celle-ci. J’écoutais un podcast sur l’IA dans les médias qui disait que cette technologie peut réellement aider les attachées de presse, servir à la rédaction des articles, etc. Mais, la seule chose qui ne sera jamais possible avec l’IA, c’est de conserver l’authenticité de l’information et de garantir qu’elle  est vraie.

Margot Bertrand : Cela fait partie de notre expertise de savoir s’il y a un sujet. On fait de la veille et on a une telle connaissance des médias et de certains secteurs médiatiques que l’on sait ce qui est intéressant. On sait si un sujet va prendre ou pas, et ensuite, on va s’appuyer sur des études de secteur, des chiffres, etc. Personnellement, je suis tout le temps connectée. C’est ce qui est compliqué avec ce métier : on ne peut jamais vraiment couper car on est obligé d’être informés de tout, tout le temps.

Ensuite, en tant qu’attachées de presse, nous sommes les garants des sources et des informations que nous transmettons aux journalistes. Ce sont des informations que nous récupérons auprès de nos clients, des entreprises de toutes tailles, qui sont notre quotient de vérité. Nous ne sommes jamais à l’abri qu’un client “nous mente”gonfle” un peu une information, mais ce n’est pas vraiment dans son intérêt. Souvent, ce sont des informations concrètes qu’ils nous délivrent, comme l’inauguration d’un bâtiment, un événement, etc. Pour ce qui est de l’actualité chaude, les journalistes s’alimentent directement auprès de l’AFP (Agence France Presse) qui délivrent des communiqués de presse sur tel raz de marré, telle catastrophe climatique, telle actualité politique. En général, nous diffusons nos communiqués aux agences de presse et ensuite les journalistes viennent se “servir” dans cette base d’informations.

Margot Bertrand : Il y a beaucoup d’agences qui séparent les deux. Nous, nous avons fait le choix de les rassembler parce qu’à l’origine nous sommes une agence de social media. Pour nous, l’influence et la presse sont au service du social media et inversement. Nous nourrissons ces trois expertises, mais il existe des agences spécialisées en influence et des agences spécialisées en presse. 

On ne travaille pas la presse de la même façon que l’influence et on ne va pas avoir la même relation avec un.e influenceur.euse qu’avec un.e journaliste. Un influenceur : on le paye, pas un journaliste. Ce n’est pas le même métier. Sur le traitement de l’information, ce n’est pas non plus la même façon de faire. Après, il y a des personnalités comme Hugo Décrypte, qui sont un peu les deux. Est-ce que c’est un influenceur ? Est-ce que c’est un journaliste ? Ce sont des métiers hybrides et je pense qu’on va de plus en plus tendre vers ces modèles.

Margot Bertrand : Je pense que s’ils ne le font pas, surtout la presse papier, certains risquent de ne pas faire long feu. Typiquement, si l’on prend le cas de la PQR (Presse Quotidienne Régionale) ce sont des personnes d’une soixantaine d’années qui en sont consommateurs. Malheureusement, quand ces lecteurs ne seront plus là, qui va lire ces médias ? Les trentenaires ne sont pas du tout consommateurs de PQR. 

Donc il faut que les médias s’adaptent à leur époque et qu’ils se réinventent pour répondre aux attentes de leur cible. Les médias sont chaque jour plus nombreux à diversifier leurs canaux de diffusion : sur Instagram, Tik Tok, ils utilisent aussi la vidéo. C’est, par exemple, le cas du Progrès qui a créé un compte Instagram sur lequel il publie une dizaine d’informations par jour, ce qui est plutôt cool. Dans ce contexte, le métier d’attachée de presse est amené à devenir hybride : on ne se contente plus d’écrire des communiqués de presse. On travaille nous aussi à 100 % sur le digital et sur les réseaux sociaux.

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