Référencer son école

Nos conseils pour intégrer une école de cinéma

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Écoles de cinéma : nos conseils pour réussir l’admission

La passion du septième art suffit-elle pour intégrer une école de cinéma ? Comment construire un dossier solide, affirmer son regard et convaincre un jury exigeant ? Témoignages croisés d’étudiants et de directeurs d’écoles prestigieuses – de la Fémis à EICAR, en passant par l’ÉSEC – pour comprendre les attentes, les critères et les conseils essentiels avant de se lancer.


Premier mythe à déconstruire, les écoles n’attendent pas nécessairement des candidats qu’ils maîtrisent l’histoire du cinéma sur le bout des doigts. « C’est à nous d’enrichir leur culture cinématographique une fois qu’ils rejoignent l’école », précise Aurélie Bernard, directrice adjointe d’EICAR. Ce que recherchent les établissements, c’est avant tout un regard personnel sur le monde, une appétence pour les récits, une curiosité sincère. « Chaque étudiant a sa propre histoire à raconter », insiste-t-elle.

Même à la très exigeante Fémis, où le concours d’entrée est réputé sélectif, l’authenticité prime : « Le mot-clé de la Fémis, c’est qu’il faut venir comme on est. Il faut avoir profondément en soi une quête artistique et une envie de questionner le sens et les formes », souligne Nathalie Coste Cerdan, sa directrice.

Les écoles ne cherchent pas des spectateurs passifs, mais des esprits curieux capables d’aller au-delà des images. « J’attends d’un candidat qu’il me raconte ce qui l’a intrigué, ce qui l’a poussé à se demander comment une œuvre est fabriquée », explique Aurélie Bernard. Elle cite en exemple la récente série Adolescence, tournée entièrement en plan-séquence : « Je serais très intéressée par un candidat qui viendrait me parler de cette série et qui se serait interrogé, serait allé regarder des making-ofs. »

Même attente face au documentaire animalier, qui suscite chez certains étudiants une vocation précoce : « Beaucoup ont grandi en regardant ce genre de documentaires et se sont posé très jeunes la question de la fabrication, du dispositif technique derrière. C’est ce genre de curiosité qui nous importe. »

Intégrer une école de cinéma, c’est aussi montrer que l’on est prêt à s’investir dans un travail collectif. « On cherche des candidats capables de s’intégrer dans un groupe. Pas des personnalités géniales mais incapables de travailler avec les autres », insiste Nathalie Coste Cerdan. 

À l’ÉSEC, les étudiants doivent réaliser pas moins de huit courts-métrages en équipe dès la deuxième année. « Ce qui est bien, c’est qu’on alterne les rôles : j’ai été réalisatrice, assistante caméra, monteuse… Cela permet de toucher à tout et de mieux savoir ce que l’on veut faire », raconte Adélaïde, étudiante en spécialisation scénario.

GRAND ANGLE

À l’occasion du festival de Cannes, retrouvez notre dossier spécial “Métiers du cinéma” :
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Chaque école a ses rituels. À EICAR, l’entrée se prépare via un dossier simple : un CV, les bulletins scolaires, un questionnaire d’intention, puis un entretien d’orientation. « Il n’y a pas de lettre de motivation imposée, ni de test académique », précise Aurélie Bernard. Le cœur du processus repose sur la rencontre : comprendre l’envie du candidat, déceler sa fibre créative et l’orienter vers la bonne filière.

À l’ÉSEC, Adélaïde décrit un parcours en trois temps : « Un dossier, une épreuve écrite et un entretien. L’épreuve portait sur une affiche de film. Il fallait parler de ce qu’elle m’évoquait. » Si les écoles ne demandent pas d’être des encyclopédies vivantes du septième art, un goût affirmé pour la culture reste un plus. « Ce qui est important, c’est d’avoir une grande curiosité, pas seulement pour le cinéma, mais pour l’art en général : photographie, théâtre, littérature… », conseille Adélaïde.

À la Fémis, la sélection se déroule en plusieurs strates. Premier temps : une enquête écrite sur un thème imposé pour évaluer l’aptitude du candidat à regarder le monde avec acuité. Puis viennent les épreuves d’admissibilité : analyse de film, épreuves spécialisées selon les filières (son, décor, montage, etc.). Enfin, le « grand oral » confronte discours et réalisations passées : « Ce que nous cherchons, c’est la cohérence entre une personnalité, ses choix artistiques et sa capacité à cheminer avec les autres », résume Nathalie Coste Cerdan.

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Dernier conseil partagé par tous : ne pas s’autocensurer. Les écoles recherchent des profils variés. Littéraire, scientifique, autodidacte, issu d’une fac de cinéma, d’un BTS, d’une école d’art… Tous les parcours sont possibles : « Plus les profils sont variés, plus les promotions sont riches. Nous aimons constituer des classes où les goûts cinématographiques vont d’un blockbuster à un film expérimental. L’important est d’avoir un rapport personnel au cinéma, pas d’obéir à une norme », assure la directrice de la Fémis. « Ne vous arrêtez pas à ce qu’on dit sur la difficulté de percer dans le milieu. Si c’est ce qui vous plaît, foncez », encourage Agathe, étudiante en troisième année à EICAR.

Elle rappelle aussi une réalité souvent mal perçue : « Il ne faut pas avoir peur de la précarité. Il y a de la place partout si on travaille avec motivation et ambition. Beaucoup d’étudiants de l’école évoluent aujourd’hui dans le milieu du cinéma sans difficulté particulière. » Agathe recommande aussi de bien préparer son choix : « Il ne faut pas choisir sa filière au hasard. Allez aux journées portes ouvertes, c’est essentiel pour découvrir les locaux, se projeter, poser des questions. » Enfin, elle insiste : « Même si les écoles sont onéreuses, il y a des aides et la plupart des formations sont en alternance, ce qui finance l’année tout en nous mettant un pied dans le milieu. Cela permet à tous d’accéder au cinéma. » 

Rappelons également que la Fémis est un établissement public, partenaire de l’université Paris Sciences et Lettres (PSL). Si la sélection est rude – moins de 3 % des candidats y sont admis chaque année –, la réussite passe moins par le profil type que par la capacité à affirmer une démarche personnelle et à s’engager pleinement dans la formation.


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Nos conseils pour intégrer une école de cinéma :

L’authenticité prime sur la connaissance du cinéma : Les écoles recherchent avant tout des candidats sincères avec un regard personnel, capables de questionner le monde et de partager leur propre histoire, plutôt que des experts en histoire du cinéma.

La curiosité et la démarche technique sont essentielles : Les candidats doivent montrer leur intérêt pour la fabrication des œuvres, leur capacité à analyser les dispositifs techniques, et leur envie d’aller au-delà de l’image, comme l’attestent l’intérêt pour des séries en plan-séquence ou des documentaires.

La préparation à l’effort collectif est cruciale : Intégrer une école implique de s’investir dans des projets en groupe, avec une capacité à collaborer et à réaliser des travaux pratiques réguliers, notamment la production de courts-métrages.

Maîtriser le processus d’admission : Les écoles ont des parcours de sélection variés : dossiers, entretiens, épreuves écrites ou orales et analyses de films. La curiosité artistique et la cohérence personnelle sont des critères clés pour réussir.

La diversité des profils est valorisée et la motivation primordiale : Tous les parcours (littéraire, scientifique, autodidacte) sont acceptés, à condition de croire en ses chances dans le cinéma. La motivation, l’engagement et la capacité à travailler avec ambition jouent un rôle déterminant pour réussir, même en contexte de précarité.

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