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« 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore » : vers quelles formations se tourner ? 

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Les métiers de demain n'existent pas encore.

La transformation numérique et la montée en puissance de l’IA rebattent les cartes du secteur professionnel : 3 métiers sur 5 verront au moins 30% de leurs activités automatisées d’ici 2030, et 85% des métiers de demain n’existent pas encore. Dans un futur aussi incertain, vers quelles formations se tourner quand on est étudiant ?


Cette étude de Dell et l’Institut pour le futur au titre prophétique, « 85% des métiers de demain n’existent pas encore », date de 2017 et a pourtant été abondamment reprise ces derniers mois, entre autres par France Travail. L’apparition en moins de deux ans de métiers comme le prompt engineer, la prédiction de l’automatisation et donc de la disparition de certaines de nos tâches posent des questions sur l’avenir, et en particulier pour les nouvelles générations : à quoi se former, comment le faire, faut-il nécessairement devenir un spécialiste de l’IA ?

D’après une autre étude Eurostat, la transformation digitale pourrait détruire 6 millions d’emplois peu qualifiés en Europe d’ici 2025, mais en créer 15 millions en parallèle. Guillaume Chevillon, professeur à l’ESSEC, responsable depuis 10 ans du master “Data, Science and Business Analytics” et codirecteur du Metalab transdisciplinaire IA, apporte un peu de nuances dans ces chiffres : « On ne repartira pas de zéro. 85 % des personnes vont être affectées mais en réalité, 10 % de leurs tâches vont être modifiées. Il faut voir l’IA Générative comme un copilote, un accompagnement pour augmenter sa productivité. » À l’ESSEC, les étudiants sont d’ores et déjà formés à la Data et à l’IA mais pas seulement : de nouveaux modules les préparent à l’inclusion, la durabilité, les transformations sociales et l’entrepreneuriat.

Arnaud Le Roux a rejoint Showroomprivé il y a quelques semaines en tant que Chief Innovation Officer, avec un triptyque autour de l’IA, de la blockchain et des réalités mixtes, afin d’amener l’entreprise du 2.0 au 3.0 entre 2026 et 2030. « Nous venons de recruter notre premier prompt designer, un métier qui a émergé en moins de 18 mois. Mais tous les domaines d’activités sont concernés par la transformation digitale, et toutes les équipes également : les futurs profils dans les entreprises auront des compétences plus tech, où les soft skills seront valorisées. »

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La fondatrice d’Akanema, Carole Autechaud, va également dans ce sens : « Comme on ne sait pas à quoi ressembleront les métiers de demain, les entreprises vont miser sur les soft skills. Les recruteurs sont beaucoup plus alertes sur ces compétences-là. » Quelles sont exactement ces soft skills ? « Je préfère le terme de “compétences humaines”. “Compétences” implique l’idée qu’on peut les développer tout au long de notre vie, et “humaines”, qu’un robot ne pourra pas le faire à notre place. » Akanema s’est inspiré des travaux de Jérémy Lamri pour regrouper 5 compétences clés dans les métiers de demain : la créativité, la communication, l’esprit critique, la coopération et le leadership.

La science-fiction n’est plus si loin ! Carole Autechaud imagine aussi bien des professeurs d’IA, une police du digital pour s’occuper des dérives, un système de justice parallèle pour IA et robots… Pour Arnaud Le Roux, le métier de prompt designer a un bel avenir devant lui : « Il est déjà en train de se subdiviser alors même que c’est tout nouveau, avec des spécialisations contenus, voix, vidéos, graphisme… Demain, nous aurons probablement des prompt designers spécialisés dans la finance, le marketing, les RH, le juridique. » Le CIO de Showroomprivé ajoute à cette liste les besoins futurs en compétences 3D, holographiques, virtuelles, ainsi qu’une connaissance profonde des cryptomonnaies et de la blockchain, au service de toutes les lignes d’une entreprise, de la logistique au marketing en passant par la cybersécurité. « Ces métiers émergents seront sans doute aussi les mieux payés, car ultra-spécialisés technique et métier », conclut-il.

Guillaume Chevillon voit quant à lui l’avenir un peu différemment : « Je considère le Prompt engineering comme un métier transitoire, comme si quelqu’un nous expliquait encore aujourd’hui comment utiliser le téléphone. À la vitesse avec laquelle l’IA se développe, on n’aura bientôt plus besoin de ces ingénieurs de prompt. » Selon le professeur, la meilleure façon de se préparer à ces métiers émergent est de bien comprendre les fondamentaux de l’IA et des modèles de langages pour s’adapter facilement à leur évolution.

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Les experts interrogés s’accordent tous trois sur l’importance de l’agilité, de l’ouverture d’esprit et de la compréhension profonde de l’IA pour ne se fermer aucune porte. « Ne restez pas figés sur les métiers d’aujourd’hui : on a tendance à vouloir mettre des métiers dans des cases alors qu’on se trouve dans une période ultra-agile, avec des mouvances très fortes. Il suffit de 18 mois pour voir naître de nouveaux métiers à grande valeur ajoutée pour les entreprises. Soyez curieux, ouvert et passionné sur ce qu’il se passe en ce moment et ne restez pas trop sur vos acquis », conseille Arnaud Le Roux.

Guillaume Chevillon nous fait part des recommandations qu’il donne régulièrement à ses élèves : « Il faut en effet être alerte et s’intéresser à ces sujets tech, tout en ayant du recul et ne pas se lancer tête baissée dans un nouveau métier. Essayez de comprendre où la technologie nous amène : ces outils d’IA sont formidables et très puissants, ils ont un côté magique, mais il faut en comprendre les tenants, aboutissants et limites. L’IA va impacter tous les métiers et la transdisciplinarité va devenir essentielle : si vous faîtes des sciences, intéressez vous au droit et à la sociologie, et inversement. Il faut à la fois se spécialiser et rester ouvert, transverse. »

Concernant les soft skills, Carole Autechaud vient ajouter de très bons conseils : « Je dis souvent à mes étudiants de ne pas se sentir obligés d’être nés avec un panel de compétences humaines, ce sont des choses qui peuvent se travailler. La créativité, la coopération, la communication se travaillent. Ce ne sont pas seulement des traits de caractère innés. » Pour conclure, Parcoursup donne une bonne vision de toutes les formations mais il convient de rester vigilant sur le contenu concret proposé.

Toutes les filières d’études offrent aujourd’hui des perspectives viables pour se préparer aux métiers de 2030, à condition que les étudiants s’engagent résolument dans l’apprentissage de l’intelligence artificielle et de l’analyse des données. Ces compétences, encore rares sur le marché du travail, sont très sollicitées par les entreprises et feront de la nouvelle génération le catalyseur d’une profonde transformation digitale.

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