Référencer son école

Transition agroécologique : quels enjeux pour l’agriculture et l’alimentation ?

5 Min. de lecture
Transition agroécologique : quels enjeux pour l’agriculture et l’alimentation ?

Christophe David, Directeur du Pôle académique de l’ISARA, école d’ingénieurs en agronomie, agroalimentaire et environnement, décrypte les trois enjeux majeurs de l’agriculture et de l’alimentation, et les solutions mises en place pour y répondre.


« S’adapter aux changements climatiques, rendre l’alimentation accessible à tous, et assurer la performance économique des filières. Ce sont aujourd’hui les trois grands enjeux de l’agriculture et de l’alimentation auxquels nous faisons face », assure Christophe David, Directeur du Pôle académique de l’ISARA, école d’ingénieurs en agronomie, agroalimentaire et environnement de Lyon.

Pour répondre à ces défis, AGRIVIA, née en 2024 de l’union entre ISARA et ISEMA (Business school agri-agro), mise notamment sur l’agroécologie.

« Faire face aux changements climatiques, cela veut dire deux choses : être en capacité de s’adapter à ces changements climatiques, et avoir une agriculture et une alimentation avec moins d’impact sur l’environnement », explique le docteur en agronomie. Ce dernier préconise « une agriculture et une alimentation diversifiées, avec une moindre dépendance aux énergies fossiles, et beaucoup d’ingénierie écologique ».

« Un enjeu extrêmement fort » appréhendé par l’ISARA il y a une vingtaine d’années, par le biais de l’agroécologie et de systèmes alimentaires durables. « Il est nécessaire de former non plus des agronomes, mais des agronomes et des agroécologues, assure Christophe David. L’agroécologue s’appuie sur les éléments de la nature pour essayer de la protéger et de l’utiliser afin d’assurer une ressource productive. L’agronome, lui, a avant tout une mission de production. Que cela soit avec ou sans engrais de synthèse ou produits phytosanitaires. Il utilise tous les outils de l’ingénierie technologique, y compris ceux de l’industrie chimique ».

Le deuxième enjeu est « une alimentation de qualité et accessible à tous », explique Christophe David, évoquant « deux façons » d’y répondre.

La première via des formations, dont le master européen Sustainable Food Systems. « Nous avons des partenaires italiens et des partenaires belges. Dans notre formation d’ingénieurs, nous avons également des spécialités autour de l’innovation alimentaire ». L’un des objectifs étant de « revoir notre diète ». « Par exemple, nous allons voir comment consommer plus de protéines végétales et limiter notre consommation de protéines animales. Mais aussi comment garantir davantage de consommation de fruits et légumes ».

à lire aussi

5 pistes pour décrocher un job à impact

Concernant l’accessibilité, l’ISARA a fait le choix de s’orienter plus particulièrement vers l’Afrique et le pourtour méditerranéen. « Les questions agricoles et alimentaires se posent bien entendu chez nous, mais aussi et essentiellement dans des zones à forte croissance démographique. Si nous ne répondons pas à ces questions agricoles et alimentaires dans ces zones-là, nous aurons énormément de problèmes géopolitiques », prévient Christophe David.

Le troisième enjeu, « peut-être un peu moins évident », est celui de la « performance économique de nos filières », ou comment assurer le renouvellement en agriculture, toutes productions confondues. « En France, on ne se rend pas compte de la fragilité de notre alimentation. Nous avons perdu un tiers des agriculteurs », déplore le docteur en agronomie, soulignant l’importance « d’attirer les nouvelles générations dans ces secteurs d’activité ».

« Le métier d’agriculteur n’a rien d’attirant si l’on regarde celui d’antan. Notre objectif en tant qu’école de management (ISEMA) et d’ingénieurs (ISARA), c’est d’innover. Si nous étions seulement une école d’ingénieurs, nous ne serions pas suffisamment armés. C’est pour cela que nous avons créé AGRIVIA, l’union de ces deux écoles. L’école de management nous donne une dimension économique, organisationnelle ».

Comment rendre le milieu attractif pour les jeunes ? « Il faut leur montrer que les nouvelles formes d’agriculture sont vertueuses. Nous avons constaté un regain d’appétence de la part de nos jeunes grâce à l’effort que nous avons fait autour de la transition agroécologique ».

Christophe David pointe également la nécessité de travailler avec les filières. « Dans l’agriculture, il y a de l’innovation, de la technologie, ce sont des métiers d’entrepreneurs ! C’est aussi une source d’attractivité, bien loin de l’image négative trop souvent relayée dans les médias », estime-t-il.

Enfin, en choisissant cette voie, les étudiants ont aussi « la satisfaction de pouvoir allier leurs aspirations personnelles à leurs aspirations professionnelles ». « En France, ils vont entrer sur le marché du travail en voulant répondre à ces trois enjeux-là. Il faut que l’on forme nos futures agricultrices et futurs agriculteurs, transformatrices et transformateurs, dès maintenant. C’est une urgence, mais une urgence positive. Il y a énormément de valeur à réinvestir dans nos campagnes ».

Aujourd’hui, le milieu de l’agriculture ne se limite plus au cadre familial. Les jeunes urbains et périurbains manifestent eux aussi un intérêt pour ce secteur.

Ces derniers, dotés d’une vraie conscience environnementale, restent cependant « déconnectés de l’agriculture ». « À l’inverse, dans les mondes ruraux, nous n’avons pas suffisamment mis de modernité autour de l’agriculture et de l’alimentation. C’est à nous de faire cette combinaison. Ce sont deux mondes encore trop séparés, qui ne communiquent pas assez. Nous avons la chance de pouvoir faire découvrir à ces jeunes urbains ce qu’est l’agriculture et ce que l’on peut en faire. Ils sont très ouverts, engagés dans leur choix d’études, et ont envie de faire bouger les choses ».


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Transition agroécologique : quels enjeux pour l’agriculture et l’alimentation ?

Trois défis majeurs : L’agriculture doit impérativement s’adapter aux changements climatiques, assurer une alimentation accessible et de qualité pour tous, et maintenir la performance économique des filières en France.

Adaptation au climat et développement durable : La lutte contre le changement climatique passe par l’agroécologie. Elle laisse une place centrale à la biodiversité, à la réduction des énergies fossiles et à l’ingénierie écologique pour une agriculture plus résiliente.

Améliorer l’accès à une alimentation saine : La formation, notamment via le master “Sustainable Food Systems”, a pour objectif de promouvoir une consommation plus végétale, équilibrée, et à favoriser l’accès à ces produits dans les zones en forte croissance démographique. 

Attirer les jeunes et favoriser leur engagement : Pour renouveler le secteur, il faut rendre le métier attractif en valorisant l’innovation, la technologie, et en brisant l’image négative de l’agriculture traditionnelle.

Une jeunesse concernée et engagée : Les jeunes urbains, engagés pour l’environnement, manifestent un intérêt croissant pour l’agriculture durable, offrant une dynamique nouvelle pour la transition agroécologique.

Vous aimerez aussi !
Les étudiants Apprentiscène
Le théâtre comme outil de valorisation de l’apprentissage

Élu meilleur évènement éducatif mondial en 2022, Apprentiscène permet à ...

4 Min. Formations, Missions et engagement, Premier emploi

Un responsable ressources humaines (RRH) témoigne.
5 conseils pratiques pour optimiser un CV de jeune diplômé

Un recruteur passe 30 à 40 secondes maximum sur la ...

5 Min. Monde du travail, Premier emploi, Stage et alternance

L'expression orale des jeunes
Expression orale : quand les jeunes cherchent leurs mots

Le 23 juin dernier, plus de 500 000 lycéens ont commencé ...

5 Min. Formations, Premier emploi

Le doctorat en entreprise (CIFRE) : une réelle valeur ajoutée
Le doctorat en entreprise (CIFRE) : une réelle valeur ajoutée

Avoir un pied dans le monde de l’entreprise et un ...

8 Min. Formations

Il faut former 100 000 ingénieurs de plus par an.
« Il faudrait former entre 60 000 et 100 000 ingénieurs de plus par an » : l’Institut Montaigne tire la sonnette d’alarme 

C’est l’objet d’un rapport d’une centaine de pages paru en ...

6 Min. Formations, Orientation

Les étudiants sont intéressés par les sciences politiques et les relations internationales.
Pourquoi la science politique et les relations internationales attirent autant les jeunes ?

Les études en science politique et relations internationales ont un ...

6 Min. Formations, Orientation, Parcoursup, Vocations

Des étudiants de l'école Ferrandi Paris
Les écoles hôtelières concurrencent-elles désormais les écoles de commerce ?

La grande école hôtelière Ferrandi Paris forme notamment à certaines ...

5 Min. Formations, Orientation

VR, IA… Quel avenir et quels débouchés pour le secteur du jeu vidéo ?
VR, IA… Quel avenir et quels débouchés pour le secteur du jeu vidéo ?

À l’ère de l’intelligence artificielle, les métiers du jeu vidéo ...

6 Min. Formations

Les quotas de filles dans les filières scientifiques : pour ou contre ?
Les quotas de filles dans les filières scientifiques : pour ou contre ?

Seulement 25% des jeunes femmes décident d’intégrer des formations supérieures ...

5 Min. Formations, Vocations

« Le journalisme est la filière de la curiosité, de ceux qui veulent changer le monde »
« Le journalisme est la filière de la curiosité, de ceux qui veulent changer le monde »

Faut-il encore croire au journalisme ? Dans un secteur fragilisé, ...

5 Min. Formations, Vocations

7 livres à lire cet été, pour les étudiants qui veulent muscler leur vision du monde
7 livres à lire cet été, pour les étudiants qui veulent muscler leur vision du monde

Oublions les méthodes miracles pour « réussir sa rentrée » ...

5 Min. Campus étudiants, Sorties

Les métiers du Tour de France
Organisation, sécurité, communication… Quels sont les métiers cachés du Tour de France ?

Des milliers de personnes sont sollicitées chaque année pour assurer ...

7 Min. Orientation, Vocations